PROBLEME DE GYROSCOPIE ou PREPARATION A UN TP |
Cette étude pourrait
constituer une préparation à une démonstration de gyroscopie si le matériel
existait ou tout simplement un problème très pédagogique d'application des
résultats du cours de gyroscopie. Voir notations et résultats dans: cours 1 + cours 2.
Nous considérons que le sol
du laboratoire est fixe ( non prise en compte de la rotation terrestre )
I DESCRIPTION DU
SYSTEME :
Le montage comprend
un bâti fixe, lié au laboratoire auquel on attache pour les besoins de
l'expérience un repère galiléen O X1Y1Z1 .
Le système comporte 3
solides dont les notations sont celles du cours.
S1 est l'armature externe classique,
légère et articulée sur le bâti, en A et A' par des paliers sans frottement.
S1 peut tourner par rapport au bâti
fixe, le paramètre de repérage est l'angle de précession Y mesuré positivement autour de l'axe Z1.
Y = ( X1,t)
dont la lecture est réalisée sur un appareillage lié au bâti, soit un cadran ou
un capteur électronique .
S2 est
l'armature interne du montage de cardan, légère , articulée sur S1 dans des
paliers sans frottement en B et B' et pouvant tourner d'un angle a autour de l'axe de mesure x2 .
a = ( t ,z2
) = ( Z1, y2 ) dont la lecture se fait sur un cadran lié à S1.
S3 s'appelle
la toupie (ou rotor) tourne en C et C' dans des paliers supposés parfaits , par
rapport à S2
La vitesse
angulaire est grande et vaut W mesurée positivement autour de l'axe Z2.
En réalité, vue la rotation élevée,
un couple de frottement subsiste et un moteur électrique dont le stator est lié
à S2 entraîne le rotor au démarrage et maintient la vitesse angulaire constante
en compensant le couple de frottement Cf par un couple moteur Cm ( Cf + Cm = 0)
.
Un ressort de raideur k a
une extrémité fixée sur S1 et l'autre attachée à S2 sur l'axe x2. Il
exerce une action qui, vu le montage assez particulier, crée en particulier un couple sur l'axe égal à - k sina x2.
Un ensemble de 2
masselottes, de masse totale m, amovibles à loisir et liées à S1, permettent
notamment de créer un couple sur S1, d'axe Z1, dont elles sont distantes
d'une longueur d.
NOTATIONS:
On posera dans les calculs
à venir
B = mgd : appelé le
balourd
q = a + p/2 l'angle d'Euler classique de nutation. En pratique, a est mesuré, mais c'est q qui apparaît dans les équations.
H = CW : le moment
cinétique principal du gyroscope. C est le moment d'inertie axial du gyro S3.
w = : une pulsation qui apparaîtra
dans les calculs.
ao , yo : les conditions initiales de
position.
NB 1 : Dans un premier
temps, plus mathématicien que physicien, vous vous attacherez à appliquer
scrupuleusement les équations de la gyroscopie, en respectant les notations
identiques à celles du cours.
NB 2 : Dans un deuxième
temps, vous résoudrez le problème en vous montrant plus physicien que
mathématicien et vous apercevrez que tout est finalement assez simple.
L'application de la règle du parallélisme vous rendra de grands services dans
les interprétations physiques des mouvements.
QUESTIONS
1°) Dans le cadre de
l'approximation gyroscopique totale, écrire avec précision , le moment en O, Mo(Fex/S3)
des forces extérieures , reçu par le rotor S3. Y a t-il une configuration
particulière? Si oui laquelle?
2°) Ecrire les équations
différentielles que doivent vérifier les paramètres a et y dans
l'approximation gyroscopique totale. On ne cherchera pas à les intégrer sous
cette forme exacte.
3°) EXPERIENCE 1 OU
CALCUL 1:
Les masselottes sont
retirées, et les conditions initiales quelconques, avec Yo quelconque et qo
voisin de p/2 (ou encore ressort au voisinage de l'équilibre,
position dite détendue, soit a voisin de 0).
a) Pourquoi cette
hypothèse sur ao?
b) Décrire le mouvement de
deux manières: d'abord en étudiant les équations du mouvement, puis en
appliquant les règles de comportement plus physique d'un gyroscope.
Tracer la courbe dy/dt = f[tg(a)], pour a
variant de 0 à 70°.
NB: Ce résultat peut être
vérifié en TP, en enregistrant la vitesse angulaire de rotation de l'armature
externe S1 autour de Z1, ou plus simplement par une lecture et un
chronomètre.
Ce mouvement , perpétuel en
théorie, est naturellement perturbé par les frottements dans les paliers. En
particulier , en supposant qua les paliers A et A' ne sont pas parfaits,
indiquer l'évolution du système et l'origine de l'énergie qui est dissipée dans
les paliers.
4°) EXPERIENCE 2 OU
CALCUL 2:
Les masselottes sont
maintenant présentes. Les angles sont supposés petits pour respecter les
conditions dans lesquelles les équations de la gyroscopie ont été établies.
Les conditions initiales
sont
a( t=0 ) = ao
(voisin de 0) et y( t= 0) = yo
(voisin de 0)
a) Déterminer
complètement la solution en fonction du temps. Montrer que les deux mouvements
en a et y sont en quadrature de phase.
b) Vérifier que le rapport l = ymax / amax est indépendant des
conditions initiales.
c) Appelant T la période du
mouvement montrer que la quantité m.T² est indépendante de la masse m.
d) APPLICATION NUMERIQUE:
d=6.5cm, m=0.1 kg, T=24.2 s ymax=13.2° amax=14.8°, W = 3000 tours/mn.
Calculer la raideur k
du ressort en fonction de m, d, l
puis numériquement, et de même donner le moment d'inertie C du rotor.
SOLUTION
1°) MOMENT DES FORCES
RECU PAR S3
Utilisons le résultat du
cours, à savoir que lorsqu'un solide S3 est suspendu par un montage à armatures
sans masse S1 et S2 et paliers parfaits , il reçoit un moment global Mo(Fex/S3),
comprenant:
Les propres forces
extérieures connues agissant sur S3 comme par exemple le poids.
Les actions de liaison se
contact de S2 sur S3 au niveau des paliers C et C' de suspension de S3, ce
moment est d'ailleurs normal à l'axe z3, actions qui transmettent une
parie des efforts reçus par S1 et S2 .
Le moment de cet ensemble
d'efforts a été établi avec précision, dans le cadre de l'approximation
gyroscopique ( Vitesse de rotation élevée ) et vaut:
S2+S3, l'élément sensible,
reçoit comme forces extérieures connues : la pesanteur de moment nul en
O, et l'action du ressort agissant directement sur S2 et donc extérieurement
à S2+S3.
NB: même si l'on inclut les
actions des paliers B et B' sur S2, cela ne change rien au résultat final pour
S3 car ce moment de liaison est normal à x2. C'est là toute l'importance
des paliers parfaits.
Considérons maintenant
l'ensemble S1+S2+S3. Il reçoit de l'extérieur comme forces autres
que celles de liaison ( avec la même remarque que ci-dessus ), une seule action
supplémentaire qui compte celle des masselottes. Par contre il disparaît
l'action du ressort qui devient interne au système.
Un calcul simple montre que
la projection du moment sur l'axe Z1 ( couple pendulaire ) du poids des
masselottes se réduit à :
Ainsi S3 reçoit un moment
global et exact valant:
NB: L'équation ci-dessus montre à
l'évidence que la configuration a =
90° notamment est une position singulière, puisque mathématiquement le moment
devient infini. Physiquement cela n'a pas de sens, mais prouve que lorsque a se rapproche de 90°, le moment devient très grand et
l'hypothèse de gyroscopie, supposant que les précessions angulaires et les
accélérations angulaires restent petites pour justifier l'approximation
gyroscopique totale, n'est plus valable.
Classiquement en gyroscopie
cette configuration correspond à l'alignement de l'axe de rotation gyroscope
sur l'axe de rotation de l'armature externe S1. Nous avons souligné ce point
dans le cours
2°) EQUATIONS
DIFFERENTIELLES VERIIEES PAR q et y :
Pour écrire les
équations de l'approximation gyroscopique totale, nous pouvons procéder de 2
façons :
a) Utiliser la relation
importante de gyroscopie:
Relation qui résulte tout
simplement du théorème du moment cinétique appliqué à S3 en O.
Les conditions d'application
à respecter étant:
O fixe dans le repère galiléen ou O confondu avec le centre
d'inertie de S3.
Des armatures de cardan légères et des
paliers sans frottement
Un rotor S3 tournant à vitesse élevée
P désigne l'extrémité du moment cinétique
mené à partir de O, on a donc OP
= CW
Calculons donc la vitesse
du point P, à l'aide de la rotation W
de S3 puisque P est lié à S3.
Par identification et
projection sur les axes X2 et Y2 il vient les équations du
mouvement relativement simples et du premier ordre
La simplicité des équations
est étonnante, révélant ainsi l'avantage de l'approximation gyroscopique.
3°) CALCUL 1 ou
EXPERIENCE 1 :
a) Hypothèse sur ao
Nous supposons au départ ao petit, afin de rester dans le cadre de
l'approximation gyroscopique où les mouvements sont supposés lents.
b) Description du
mouvement
Tout d'abord les équations
montrent que, lorsque la masse est enlevée, le balourd B est nul, l'angle a reste constant, ce qui constitue une surprise, le
sens commun habituel nous amenant à prédire des oscillations dues au ressort.
Il n'en est rien, le ressort restant dans sa configuration initiale. De plus la
deuxième équation donne très simplement la loi de variation du paramètre y.
Cette loi est vérifiée sans
conteste au laboratoire et fait remarquable, elle donne d'excellents résultats
jusqu'à des valeurs très élevée de l'angle a,
de l'ordre de 50°.
INTERPRETATION PHYSIQUE:
O peut expliquer le
phénomène physique par une loi générale de comportement d'un gyroscope, à
savoir que sous l'action d'un moment, son axe de rotation tend à s'aligner sur
l'axe du moment (Tendance au parallélisme)
Dans le cas présent seul le
moment du au ressort apparaît, or ce moment est porté par l'axe x2,
axe qui reste toujours orthogonal à z3. Donc l'axe du gyroscope qui
tend à s'aligner sur x2 ne pourra jamais le faire puisque cet
axe x2 fuit devant z3 qui lui est
constamment orthogonal. Ceci explique qu'on assiste à un mouvement
mathématiquement perpétuel.
NB 1: En TP on peut faire preuve de bon
sens et de raisonnement physiques, en essayant de montrer que l'existence de
frottements mêmes faibles au niveau des paliers A et A' , conduit en appliquant
la tendance au parallélisme à ramener l'angle a vers 0. Quant à savoir d'où vient l'énergie dissipée en chaleur dans les
roulements, il suffit de chercher qui en possède au départ et il n'y a qu'un
seul client: le ressort.
NB 2: En TP on peut montrer de même que
la position a = p, en apparence est mathématiquement
stable, mais en réalité instable à cause des frottements qui obligent le
ressort à restituer de l'énergie et à revenir à son équilibre à 180° de la
position de départ. On trouve là un excellent exemple d'une instabilité qui se
produit lentement.
NB 3: Naturellement si l'on
cherche l'origine de l'énergie vous la trouverez dans la réserve d'énergie
constituée par l'énergie potentielle du ressort qui finit donc par se retrouver
dans son état d'énergie minimale.
4°) CALCULS 2 ET
EXPERIENCE 2 :
a) Calcul
complet de la solution (hypothèse des petits mouvements)
Sous l'hypothèse
petits angles, le système différentiel s'écrit simplement sous la forme
suivante, linéaire à coefficients constants
En éliminant par dérivation
l'une des deux variables, il vient l'équation classique du second ordre , en a par exemple:
Avec les conditions
initiales a(0) = ao , (da/dt)(0) = Byo/H d'après la première équation du
système différentiel, l'intégration classique fournit :
b) Rapport l = ymax / amax est indépendant des
conditions initiales.
On constate sur les deux
paramètres des mouvements sinusoïdaux de même pulsation propre w, et en quadrature de phase puisque le système
différentiel montre, sans calcul, que lorsque un des paramètres est maximum
l'autre est manifestement nul.
c) Quantité m.T² du
mouvement indépendante de la masse m.
Calcul évident. La réponse
est surtout un excellent moyen de vérification de la théorie du gyroscope, lors
d'un TP en laboratoire
d) APPLICATION NUMERIQUE:
d=6.5cm, m=0.1 kg, T=24.2 s ymax=13.2° amax=14.8°, W = 3000 tours/mn.
Le lecteur achèvera
ces calculs, utiles lors d'un TP.
Guiziou Robert décembre 2000, sept 2011
Version Word 97 sous montage1.doc